La grande cloche, restaurée, est de retour à Châtillon depuis une semaine.
Usée par le temps et l’érosion, cette cloche de 600 kilos, fondue en 1655, ne pouvait plus donner de sons depuis six ans. La mairie a donc mandaté la société Gougeon de Villedômer, près de Tours, pour la descendre du clocher comme elle va le faire en juillet prochain à Notre-Dame de Paris.
Cette société tourangelle a décroché la cloche en novembre dernier et l’a confiée à une entreprise autrichienne mondialement connue depuis plus de 400 ans dans la fonte et la restauration des cloches ! Depuis l’an 1599, quatorze générations de la même famille, les Grassmayr, assurent cet art singulier à Innsbruck en Autriche. Une centaine de pays ont des cloches qui viennent de chez eux.
Notre cloche, classée à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques, revient donc comme neuve, voire bronzée, d’un séjour au Tyrol !
Le bronze qui se fêlait ou se fissurait par endroits a été réparé par un procédé de soudure qui recharge de la matière dans un four à plus de 1100 degrés. Cette technique évite la refonte et rend possible la conservation fonctionnelle et esthétique d’une cloche ancienne. De plus, la sonnerie de la cloche redevient identique à celle d’origine.
Enfin, le joug en bois de chêne, également appelé mouton, a été refait. L’ancien était trop endommagé pour être réutilisé.
Le joug sert à suspendre la cloche dans le beffroi et permet sa mise en volée par l’intermédiaire d’un palier. Fixé sur une poutre du beffroi, le palier est une pièce mécanique qui va supporter le joug et la cloche par un ensemble de ferrures de suspension appelées brides.
Jouant le rôle de contrepoids, le joug a une forme et une taille adaptées au poids de la cloche et au mode de sonnerie voulu.
L’installation de la cloche, du joug et du palier dans le beffroi requièrent une grande minutie. De leur équilibre dépend la solidité de l’ensemble, la qualité et le type de sonnerie.
Le beffroi est une charpente en bois de chêne qui repose à l’intérieur de la chambre du clocher et qui supporte les cloches. Le principe et la fonction première d’un beffroi sont de n’avoir aucun lien avec la structure du clocher en pierres.
Sous le contrôle du père Carré, les Châtillonnais vont pouvoir admirer la cloche qui restera exposée au public jusqu’au 17 juin, date de sa remontée dans le clocher par la société Gougeon.
Le samedi 3 juin à 11 heures, le père Paul Bénézit, de Gien, bénira la cloche lors d’une cérémonie publique qui sera suivie d’un vin d’honneur.