Hommage à Lucien Barthélémy.
Cette cérémonie honore, le dernier dimanche d’avril de chaque année, la mémoire de tous les déportés et rend hommage à leur sacrifice.
Les élus, les porte-drapeaux, le président du comité de la FNACA, Philippe Debenath, et la fille de déportés châtillonnais, Renée-Claude Contreau-Montembault se sont réunis dimanche matin au monument aux Morts.
Le premier adjoint au maire, Gérard Galfano, et le président des anciens d’Algérie ont lu le message rédigé conjointement par la Fédération nationale des déportés, la Fondation pour la mémoire de la déportation, les associations de Mémoire des camps nazis et l’Union nationale des associations de déportés, internés, de la Résistance et leurs familles.
Extraits de ce message : « En cette journée nationale du souvenir, commémorer la tragédie humaine que fut la déportation, c’est d’abord rappeler l’horreur et la barbarie des systèmes concentrationnaire et génocidaire nazis. C’est se souvenir de l’extermination par le régime nazi d’une partie de l’humanité, ciblant les Juifs et les Tsiganes de tous âges. C’est se souvenir également de la déportation de femmes, d’hommes et d’enfants, considérés comme ennemis du Reich ou indésirables, dans des camps où règnent l’exploitation par le travail, la terreur et la détresse la plus extrême. »
Michel Barthélémy a, ensuite, rendu hommage à son oncle Lucien, déporté, en lisant le texte ci-dessous, rédigé par Renée-Claude Contreau-Montembault :
« Lucien Barthélémy, né le 10 août 1919 à Châtillon-sur-Loire, est le fils d’Albert Barthélémy, ouvrier agricole, et de Clémence Donatien, son épouse, domiciliés au Guiltats. Lucien s’est marié le 27 juin 1942 avec Solange Pion à Eguzon dans le département de l’Indre.
Le jeune Châtillonnais a choisi d’être gardien de la paix et était en poste à Loches (Indre-et-Loire) au moment de son arrestation. Il était marié et le couple a eu deux enfants.
Il a été arrêté lors d’une rafle à Loches, le 27 juillet 1944. Des agents de la Gestapo, venus de Tours, orientés par des Français, collaborateurs de l’ennemi, avaient investi la ville dès l’aube.
Forts d’une liste établie par les collabos, ils ont interpellé à leur domicile toutes les personnes dont le sous-Préfet, suspectées d’aider la Résistance. Les nazis ont également arrêté l’ensemble des policiers et les trente-cinq gendarmes de la ville, soupçonnés d’être trop résistants à la recherche des jeunes réfractaires au service du travail obligatoire (STO).
Deux à trois cents personnes sont ainsi arrêtées ce jour-là et conduites dans la cour de l’école des filles de Loches pour un interrogatoire. À la fin de la journée, 58 hommes et 6 femmes sont désignés pour leur déportation en Allemagne.
48 de ces prisonniers ne reviendront pas des camps. 16 seulement d’entre eux dont Lucien Barthélémy, retrouveront leur pays et leurs familles au terme de la Guerre, en 1945.
Ce 27 juillet 1944, après la rafle, Lucien et ses camarades sont transférés à la prison Henry-Martin de Tours d’où ils seront transportés à Rennes.
De là, dans la nuit du 2 au 3 août 1944, à la veille de la Libération de Rennes, deux trains transportant plus de 1000 prisonniers politiques, militaires et résistants, arrêtés dans la région, vont rejoindre l’Allemagne depuis la prison Jacques-Cartier de Rennes.
Le 6, à Langeais (Indre-et-Loire), ces trains, connus dans l’Histoire sous le nom de trains de Langeais, sont attaqués par une escadrille de chasseurs alliés qui pensent cibler un convoi de munitions.
Des trains pilonnés, on retirera 19 morts et 70 blessés tandis que 91 prisonniers profiteront de l’occasion pour s’évader.
À l’arrivée du train à Belfort et avant la frontière alsacienne devenue allemande, 241 autres prisonniers parviendront à s’enfuir, grâce à un gardien alsacien.
Les prisonniers restants arriveront au camp de concentration de Neuengamme le 1er septembre 1944, un mois après leur départ. De ce dernier voyage, 350 des déportés de ce convoi de la mort ne reviendront jamais.
Lucien Barthélémy, à son arrivée dans le camp de déportation reçoit le matricule 43885. Dès le 3 septembre 1944, il est envoyé à Willhelmshaven où il arrive le 5.
Là, il est affecté à un groupe de plus de 1000 hommes chargés du déblaiement d’un chantier naval. Les conditions éprouvantes du travail ont rapidement entraîné la mort de nombreux prisonniers.
Le 5 avril 1945, les prisonniers sont évacués du chantier naval. Avec eux, Lucien Barthélémy est transféré à Farge d’où il repart le 10 ou le 11 avril pour Horneburg. Le 16 avril, il est évacué sur Sandbostel, un ancien camp de prisonniers de guerre appelé, en 1945, le mouroir de Neuengamme. Le Châtillonnais est ensuite transféré vers la baie de Flensburg où il a été libéré le 11 mai 1945 par les Alliés.
Le policier revient, peu après, dans sa famille, épuisé et cachectique mais vivant.
Lucien Barthélémy, entouré de sa famille, est décédé à Limoges (Haute-Vienne) le 22 septembre 1999.
Les siens sont toujours présents dans le Centre-Val de Loire, à Châtillon-sur-Loire et dans le Cher ».
Sa mémoire et la tragédie de la déportation demeurent vivantes à l’esprit de chacun.