Qui savait quoi ? Et depuis quand ?
Une histoire tragique et des questions. Si tout le monde connait aujourd’hui l’histoire de la déportation, quand cette information a-t-elle été connue des pays en guerre contre le IIIème Reich d’Hitler ?
Cette délicate question était au coeur de la conférence donnée jeudi soir dernier par Philippe Boukara, spécialiste du judaïsme contemporain, au collège Pierre Dézarnaulds.
Dans le cadre d’un projet éducatif sur la Shoah encadré par la professeure Pascale Estienne, l’universitaire parisien a d’abord rappelé le destin tragique du peuple juif pendant la Seconde Guerre mondiale.
Des millions de Juifs ont été déportés par les Nazis et tués dans les chambres à gaz ou fusillés. Les déportations ont débuté avant le commencement de la guerre. Qu’en savaient les Alliés ? Ils avaient des informations assez précises mais ont fait le choix de ne rien dire préférant se concentrer sur la stratégie de la guerre. Les services anglais avaient intercepté des messages cryptés concernant l’Holocauste mais ne les ont pas diffusés au public. Le choix politique était de privilégier la guerre et les combats contre Hitler et ses troupes plutôt que de défendre les Juifs déportés.
Si les Juifs déportés depuis les pays européens vers l’Allemagne hitlérienne ont connu un sort tragique, un certain nombre d’entre eux, présumant les risques de la déportation, sont parvenus à se cacher de 1940 à 1945 ou à quitter l’Europe.
Certains Français ont, à cet égard, joué un rôle majeur. Parmi eux, a rappelé Pascale Estienne, des Châtillonnais qui ont caché une enfant juive, Hélène Vadrarue, dont les parents ont été déportés. Pour leur courage, Pierre et Maria Batut qui habitaient rue Saint Posen, ont été désignés Justes parmi les Nations. Leur remarquable action sera rappelée lors d’une cérémonie en 2025.
Le conférencier a également rappelé des figures importantes de l’histoire de la déportation, Jan Karski, un officier de la résistance polonaise, qui a témoigné de l’horreur dans le ghetto de Varsovie ou le général Vassili Petrenko de l’Armée rouge, l’un des premiers à libérer le camp Auschwitz le 27 janvier 1945 sans oublier Claude Lanzmann et son film sur la Shoah qui est un témoignage important.
Le principal du collège, Olivier Jeulin, a vivement remercié Philippe Boukara, dont c’est la seconde intervention au collège.
Cette conférence a permis aux élèves et aux autres auditeurs de mieux comprendre les événements tragiques de cette époque ainsi que les questions éthiques et morales qui entourent la connaissance et la réaction des Alliés face à ces atrocités.