Élève à l’école primaire de garçons rue de Beaulieu, il avait presque neuf ans, ce jour-là.
« La guerre est finie ! » annonce l’instituteur Jacques Dury à ses élèves. Il est neuf heures du matin ce mardi 8 mai 1945. M. Meunier, le directeur de l’école qui a informé l’enseignant rajoute, triomphant : « Rentrez tous chez vous pour annoncer la bonne nouvelle à vos parents. » Gilbert ne demande pas son reste et saute sur son petit vélo pour faire les quatre kilomètres qui le séparent de la ferme des Mardrelles sur la route de Cernoy où habite sa famille. Il apprend la nouvelle à ses parents qui n’ont ni téléphone ni de poste de radio. Ils en achèteront un en 1948. Le téléphone arrivera bien plus tard encore !
Les Allemands ont, en fait, déjà déguerpi de Châtillon depuis plusieurs mois dans la débandade des nazis après le débarquement de Normandie le 6 juin 1944.
L’après midi de ce 8 mai, la ville est remplie de monde. Chacun veut célébrer la fin de cette guerre qui a duré cinq ans et provoqué la mort de plusieurs Châtillonnais au combat. De nombreux jeunes de la commune ont passé des années de captivité en Allemagne au service du travail obligatoire (STO) instauré par Vichy au profit du IIIème Reich, d’autres ont été prisonniers de guerre. Les résistants Octave et Renée Montembault reviendront, épuisés, de déportation plus tard.
À 15 heures, ce 8 mai, comme dans toutes les églises de France, les cloches de l’église Saint-Maurice ont sonné à toute volée pour marquer la victoire des Alliés sur l’Allemagne d’Hitler. « Un jour mémorable » se rappelle, ému, l’esprit vif, Gilbert Rollon âgé aujourd’hui de près de 89 ans et présent à toutes les cérémonies patriotiques.
La capitulation avait été signée la veille à Reims, le 7 mai à 2h41 du matin et une autre fois à Berlin le 8 mai au soir suivant une injonction de Staline, mécontent de cette première signature faite en France ! Hitler s’était tiré une balle dans la tête dans son bunker berlinois le 30 avril précédent, le lendemain de son mariage avec sa compagne Eva Braun qui, elle, a avalé une boule de cyanure. Leurs corps ont été brûlés par des soldats allemands selon le voeu du Führer.
Le 80e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale en France et en Europe a donc été célébré à Châtillon jeudi dernier.
Cortège à travers la ville, dépôt de gerbes devant le monument aux morts, discours et recueillement avant un moment de partage sur le parvis de la mairie. Une émouvante cérémonie en hommage aux combattants de ce conflit mondial.
Le premier adjoint au maire, Vincent Gitton, qui présidait cette commémoration a dû avoir une pensée pour son grand-père Marcel Gitton, mobilisé au début de la guerre avant d’être fait prisonnier des Allemands.
La Marseillaise jouée par l’Union musicale a rappelé que si la liberté avait un coût, elle n’avait pas de prix. Les élus, les sapeurs-pompiers, le garde champêtre, les porte-drapeaux, le président du comité local de la FNACA et des anciens combattants, la directrice de l’école primaire, le principal du collège et de nombreux Châtillonnais se sont joints à cette marche commémorative du devoir de mémoire.
Après les dépôts de gerbe, Philippe Debenath, entouré de ses arrière-petits-enfants, a lu le message des anciens combattants dont voici un extrait :
« Le 8 mai 1945, il y a 80 ans, la barbarie nazie était vaincue, les peuples d’Europe retrouvaient leur liberté et leur souveraineté.
Ce fut le plus important, le plus destructeur, le plus meurtrier des conflits de tous les temps. 100 millions de combattants, 62 millions de victimes en majorité civiles. Rendons hommage à ces hommes et à ces femmes qui sont entrés dans la résistance et ont combattu pour la Libération de la France occupée par les nazis. Rendons hommage aux combattants de la France Libre et de tous ceux des armées alliées. Depuis août 1944, l’espoir renait avec Paris libéré. De plus, n’oublions pas la « solution finale » mise en œuvre par les nazis avec les massacres génocidaires organisés industriellement par le recours aux chambres à gaz et aux fours crématoires » .
Vincent Gitton, premier adjoint, a ensuite lu le message du ministre des Armées Sébastien Lecornu dont voici un extrait :
« Le 8 mai 1945, quand la nouvelle de la Victoire parvint à Paris, le général de Gaulle qui incarnait la voix de la France libre et combattante adressa ces mots à la Nation : « Tandis que les rayons de la Gloire font une fois de plus resplendir nos drapeaux, la patrie porte sa pensée et son amour d’abord vers ceux qui sont morts pour elle, ensuite vers ceux qui ont, pour son service, tant combattu et tant souffert ! Pas un effort de ses soldats, de ses marins, de ses aviateurs, pas un acte de courage ou d’abnégation de ses fils et de ses filles, pas une souffrance de ses hommes et de ses femmes prisonniers, pas un deuil, pas un sacrifice, pas une larme, n’auront donc été perdus ! »
Après une minute de silence, le cortège reprit la direction du centre-ville au son de l’Union musicale dirigée par Francis Charbonneau avant de se retrouver sur le parvis de la mairie où les élus ont distribué des bonbons aux enfants tandis que Vincent Gitton rappelait le souvenir d’Emmanuel Rat qui avait à coeur de présider ces cérémonies.
Roger Morin, ancien professeur au collège de Châtillon, se rappelle aussi que les soldats américains qui avaient libéré Artenay en 1944 où il habitait à cette époque-là, lançaient aussi, depuis leurs chars, des bonbons acidulés avec un trou en leur centre et du chewing-gum, alors inconnu des petits français.
Et, Raymond Velleret, de rappeler que les instituteurs d’après guerre veillaient chaque année à ce que tous les enfants des écoles participent aux cérémonies. Ceux qui n’y allaient pas se faisaient remonter les bretelles.
« Une journée mémorable ! », comme le dit Gilbert Rollon.
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