Achille Zavatta et le métallier Marcel Helbert ont aménagé les camions et le cirque sur le Champ de Foire.
Achille Zavatta, célèbre clown dans les années 1960-70 dans les cirques français et à la télévision voulait avoir son propre cirque. Il a donc acheté en 1978 d’imposants camions poids lourds d’occasion. Ces véhicules industriels et leurs remorques, tout comme le grand chapiteau, nécessitaient d’importants travaux pour s’adapter aux activités des circassiens.
Achille Zavatta connaissant les qualités de Marcel Helbert qui avait fait des travaux chez son beau-frère Renato à Beaulieu, lui a demandé d’aménager son cirque.
Marcel Helbert et son fils Max dirigeaient alors une florissante entreprise de métallerie à Châtillon. Avec l’accord du maire de l’époque, Jean Roblin, le futur cirque Zavatta s’est donc installé sur le Champ de Foire pendant de nombreux mois.
Marcel et ses ouvriers se sont donc mis à l’oeuvre avec trois objectifs. Réduire la hauteur de ces poids lourds et leur remorques, bien trop hauts pour passer sous le pont de chemin de fer d’une route de campagne, adapter leurs intérieurs au transport de la troupe et des animaux. Et enfin transformer l’immense tente en un chapiteau de cirque.
Ils ont commencé par mesurer la hauteur de passage sous le pont de la route qui va, à la gare de Châtillon, de la N7 vers l’aérodrome et, forts de cette information, ont découpé toute la carrosserie de chaque camion à sa base au-dessus du châssis pour qu’il ait la hauteur voulue. « Un gros boulot », rappelle Michel Touzeau, un des jeunes ouvriers d’Helbert, « car il fallait soulever la cabine et tout le camion avec des étais pour découper une bande métallique tout autour et en bas de la carrosserie puis souder la base au châssis ».
Chaque camion avait une fonction particulière. Une cantine, un dortoir, des cages pour les bêtes, des rangements pour les gradins et les sièges, des escaliers pour grimper dans les camions ou sur la piste, etc., autant d’aménagements spécifiques à fabriquer sur place. Ces travaux ont duré plusieurs mois en 1978.
Achille Zavatta est devenu un Châtillonnais qui jouait, après le boulot, aux boules sur le Champ de Foire et allait boire un coup chez Charonnat ou au café de la mairie tenu, à l’époque, par Kiki.
Michel Dubedat se souvient d’une anecdote. Il avait appris à son chien d’aller seul chez le boulanger Naquin de la rue Haute. Le chien tenait un petit panier rempli de quelques pièces dans sa gueule et allait acheter les croissants à la boulangerie. Achille, voyant ce chien très malin dit à Michel :« Je veux ton chien, il ira bien dans mon cirque ! ». Le chien est resté à Châtillon, Michel Dubedat ne s’en est pas séparé.
En juin 1979, le maire Jean Roblin a organisé une grande réception en l’honneur d’Achille et lui a remis une clé de la ville fabriquée par Marcel et Max Helbert. Un instant fixé par le photographe du Journal de Gien où l’on reconnait, de gauche à droite, Jean Roblin, Paul Gauvin, Achille, André Gire, Renato, Marcel Helbert et Michel Dubedat. À cette occasion, Zavatta a offert à la commune un buste de Marianne à l’effigie de Brigitte Bardot. Ce buste est toujours dans la salle du conseil municipal.
Les représentations du cirque avaient, pour cette occasion, attiré plus de 3000 personnes !
Les années suivantes, Marcel Helbert et trois ouvriers dont Michel Touzeau, passaient deux mois d’hiver à Auch dans le Gers où le cirque se posait entre deux saisons, pour effectuer les réparations du matériel.
Achille abandonna la piste en 1985 à l’âge de 70 ans. Son cirque connaitra des difficultés financières et finira par disparaitre. Aujourd’hui, de nombreux cirques portent encore le nom de Zavatta mais sans rapport avec le cirque originel.
C’est le cas du cirque qui a planté son chapiteau à Mantelot le week-end dernier pour trois représentations. L’arrivée non autorisée du convoi par le pont de Châtillon a été compliquée du fait de la déviation à son entrée et a provoqué un embouteillage monstre géré par la gendarmerie.
Ils sont repartis mardi matin par un autre pont. Heureusement.