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Histoire de Châtillon-sur-Loire

Châtillon-sur-Loire au Moyen-âge

La constitution de l’agglomération de Châtillon-sur-Loire s’est vraisemblablement opérée à partir de deux initiatives : celle des moines de Fleury (actuellement Saint-Benoît-sur-Loire) qui structurèrent un premier habitat à Nancray autour d’un petit prieuré fondé vers le milieu du Xe siècle; celle d’Aymon-le-Fort, décrit comme « un homme de haute noblesse » qui rassembla quelques paysans et artisans autour d’un modeste ouvrage militaire en bois – un castellio – situé sur l’éminence naturelle où se trouve aujourd’hui l’église. Ce « mont » a sans doute servi à des implantations plus anciennes : lieu de culte dédié à Saint-Posen, poste de guet et de contrôle des passages en Loire, refuge pour les habitants de Nancray. Le castellio finit par s’imposer et structura durablement l’espace habité au point de donner son nom à la cité : Castellio supra Ligerim (Châtillon-sur-Loire).

Devenus la puissance dominante après que le « sire » Aymon leur ait fait don de ses biens, les moines impulsent une intense activité économique fondée sur la viticulture. Débordant le cadre initial, les habitations dévalent les pentes du « mont » le long de l’actuelle rue Haute. Un nouveau pôle d’activité s’installe autour de la place du marché et, à la fin du XIIe siècle, le bourg sort des limites protectrices des deux rivières, s’avance vers la Loire et vient buter sur la zone marécageuse (le Marois) qui le sépare du fleuve.

Suivant le modèle de celle de Lorris, une charte de franchise clarifie, stabilise et limite les droits et devoirs du seigneur abbé de Saint-Benoît et ceux des habitants. Désormais la rue Franche, la rue de Chambon et la rue du Cormier sont des lieux « francs » (libres) échappant à l’arbitraire seigneurial.

Sa situation géographique confère aussi à la ville un intérêt stratégique qui lui vaut d’être dotée à la fin du XIIe siècle, selon Guillaume Le Breton, chroniqueur de Philippe Auguste, d’un château « fier de ses tours élevées, de ses murailles et de ses fossés » que le comte Etienne de Sancerre remplit « d’armes, de grains, d’hommes vaillants et de nombreux chevaliers » pour résister aux assauts de son neveu Philippe Auguste. Mais, en 1180, le roi s’en empare « plus promptement qu’il n’avait espéré » et le rase allant jusqu’à le brûler « jusque dans ses fondements ».

Le « beau mais court XVIème Siècle »

Après les périodes difficiles du XIVe et du début du XVe siècle, le retour de la paix et de la sécurité permet le repeuplement, la reconstruction et une vigoureuse reprise économique. Dès les années 1480-1490, les campagnes retrouvent leur prospérité. On peut estimer que Châtillon atteint alors entre 1 200 et 1 500 habitants, ce qui la met au rang de petite ville. Le terrier de 1502 permet de reconstituer la société locale à l’aube du XVIe siècle. La communauté des habitants se dote d’une assemblée qui structure la vie quotidienne. C’est elle qui nomme le garde messier (garde champêtre), le berger communal et le maître d’école ; elle décide de la rotation des cultures, des dates de moisson et des vendanges ; elle gère l’usage des biens communaux. Mais c’est la seigneurie qui encadre les activités économiques. Ainsi, le seigneur abbé de Saint-Benoît a le droit exclusif de vendre son vin avant ses tenanciers « du premier jour de mai et durant quarante jours entiers ». Propriétaires des « estaux de la boucherie », les moines contrôlent le marché de la viande ainsi que le pressoir banal, situé à l’emplacement de l’actuelle mairie, qui sert à presser le raisin des vignes leur appartenant et aussi celui prélevé par la dîme (une tinée sur dix tinées vendangées) sur les vignes des paysans. Ils perçoivent également une taxe sur les foires s’élevant à « quatre deniers parisis ».

Châtillon-sur-Loire au temps de la Réforme et de la contre réforme

Au milieu des années 1560, les protestants sont majoritaires à Châtillon-sur-Loire et disposent d’un temple édifié en 1596. Place forte, la ville est plusieurs fois assiégée, investie, pillée et saccagée tantôt par des hobereaux catholiques locaux, tantôt par les troupes envoyées par Catherine de Médicis pour contrôler la région. Elle est aussi le théâtre d’affrontements violents entre les partisans du duc de Guise et ceux d’Henri de Navarre. Au XVIIe siècle, les 280 familles protestantes composées à 70 % de vignerons et d’artisans en font la plus importante communauté huguenote du Giennois. Mais, soutenus par la politique religieuse de Louis XIV, des prêtres très combattifs s’emploient à réduire l’influence des protestants locaux.

Le 9 février 1684, un arrêt du Parlement de Paris interdit « pour jamais » l’exercice de la religion réformée à Châtillon-sur-Loire et le temple est détruit le 9 mars suivant, soit un an et huit mois avant la Révocation de l’édit de Nantes (15 octobre 1685). Désormais traqués, les protestants châtillonnais sont contraints de fuir en Angleterre, en Suisse, en Allemagne ou en Hollande. Ceux qui restent doivent abjurer, mais certains continuent de pratiquer clandestinement leur culte dans des caves de la rue Haute, dans des carrières des Champtoux et dans le quartier du Marois. En dépit des persécutions dont ils sont l’objet, ils finissent par conquérir une place de premier plan dans la société locale et, à la fin du XVIIIe siècle, le subdélégué de Gien peut alors écrire à l’intendant de la Généralité d’Orléans qu’ils constituent « la portion la plus aisée de la paroisse : quelques-uns sont riches, distribuent des aumônes abondantes ; ils sont connus, visités, estimés de personnes les plus considérables du canton. Le curé vit et mange avec eux. Le Sieur Quétin présenté comme faisant fonction de ministre [pasteur] jouit d’une réputation sans reproche ».

Les horizons s’élargissent, la ville se modernise, la République s’enracine

Au milieu des années 1560, les protestants sont majoritaires à Châtillon-sur-Loire et disposent d’un temple édifié en 1596. Place forte, la ville est plusieurs fois assiégée, investie, pillée et saccagée tantôt par des hobereaux catholiques locaux, tantôt par les troupes envoyées par Catherine de Médicis pour contrôler la région. Elle est aussi le théâtre d’affrontements violents entre les partisans du duc de Guise et ceux d’Henri de Navarre. Au XVIIe siècle, les 280 familles protestantes composées à 70 % de vignerons et d’artisans en font la plus importante communauté huguenote du Giennois. Mais, soutenus par la politique religieuse de Louis XIV, des prêtres très combattifs s’emploient à réduire l’influence des protestants locaux.

Le 9 février 1684, un arrêt du Parlement de Paris interdit « pour jamais » l’exercice de la religion réformée à Châtillon-sur-Loire et le temple est détruit le 9 mars suivant, soit un an et huit mois avant la Révocation de l’édit de Nantes (15 octobre 1685). Désormais traqués, les protestants châtillonnais sont contraints de fuir en Angleterre, en Suisse, en Allemagne ou en Hollande. Ceux qui restent doivent abjurer, mais certains continuent de pratiquer clandestinement leur culte dans des caves de la rue Haute, dans des carrières des Champtoux et dans le quartier du Marois. En dépit des persécutions dont ils sont l’objet, ils finissent par conquérir une place de premier plan dans la société locale et, à la fin du XVIIIe siècle, le subdélégué de Gien peut alors écrire à l’intendant de la Généralité d’Orléans qu’ils constituent « la portion la plus aisée de la paroisse : quelques-uns sont riches, distribuent des aumônes abondantes ; ils sont connus, visités, estimés de personnes les plus considérables du canton. Le curé vit et mange avec eux. Le Sieur Quétin présenté comme faisant fonction de ministre [pasteur] jouit d’une réputation sans reproche ».

La victoire de la République, c’est aussi celle de la boutique et de l’échoppe. Les nombreux commerçants et artisans qui animent l’économie locale représentent l’idéal radical et appartiennent à ces « couches nouvelles » sur lesquelles comptait Gambetta pour fonder la République. Celle-ci résiste à l’épreuve de la Première Guerre mondiale où 163 jeunes Châtillonnais laissèrent la vie, soit 5,5 % de la population.

Aux élections municipales de mai 1935, la gauche l’emporte et le socialiste Gaston Gateau devient maire. Après la victoire du Front populaire aux législatives de 1936, Pierre Dézarnaulds, conseiller général du canton de Châtillon-sur-Loire est nommé sous-secrétaire d’Etat à l’éducation physique. C’est dans le cadre de la politique du gouvernement de Léon Blum que Gaston Gateau engage un important programme de travaux : construction du marché couvert (1936), édification des abattoirs et aménagement du stade (1937), réalisation du réseau d’eau courante (1938), construction du silo à grains (1939).

Mais Châtillon-sur-Loire s’inscrit déjà dans le déclin démographique qui frappe les bourgs ruraux : après avoir frôlé les 3 500 habitants en 1896, sa population entame une longue chute tout au long de la première moitié du XXe siècle : à la veille de la Seconde Guerre mondiale, elle ne compte plus que 2 500 habitants et l’étiage est atteint en 1962 avec 2 170 habitants, soit la population de…1821 ! Il faudra attendre 2004 pour que le cap des 3 000 habitants soit de nouveau franchi.

Châtillon-sur-Loire dans la France du temps présent

Au début des années 1960, Châtillon-sur-Loire compte encore un commerçant ou artisan pour 18 habitants et une boutique pour 30 habitants. L’alimentation arrive en tête avec ses neuf épiceries, six boulangeries, quatre boucheries, deux pâtisseries et une charcuterie. Neuf débits de boisson rappellent le passé viticole de la ville tandis que cinq hôtels-restaurants témoignent d’un certain dynamisme du tourisme né entre les deux guerres. Les commerces liés à la mode et à l’habillement ne comptent pas moins de quatorze magasins dont…huit merceries !

A côté d’industries traditionnelles comme la faïencerie, les élus tentent de profiter de la croissance économique en attirant des activités nouvelles liées à l’explosion de la consommation comme les équipements automobile Laurent et Bloch. Mais, la ville est entrée dans une phase de mutations décisives. Elle change de visage : inadaptées à la croissance de la circulation automobile, les rues sont élargies par démolition des bâtiments anciens. La population non-agricole l’emporte désormais sur les agriculteurs. L’habitat pavillonnaire se dissémine autour du noyau ancien qui perd ses commerces tandis que les gîtes ruraux accueillent des citadins en quête de nature. Symboles de cette évolution, les terres agricoles deviennent des « terrains à bâtir », elles ne se vendent plus « à l’hectare » mais « au mètre carré ».

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