De nombreuses personnalités, sa famille et une foule d’amis ont accompagné Emmanuel Rat pour sa dernière traversée de la ville.
Émotion et recueillement. Les obsèques du maire, décédé le 12 novembre, se sont déroulées ce mercredi 20 novembre sur le parvis de la mairie d’abord puis à l’église avant l’inhumation au cimetière de la commune.
Les écharpes tricolores en grand nombre voisinaient avec les uniformes et les porte-drapeaux autour du cercueil recouvert d’un drapeau français et de l’écharpe de maire. La foule recueillie a écouté dans un grand silence les discours des officiels alors qu’un ciel ensoleillé baignait la rue de l’Hôtel de Ville.
Le premier adjoint, Gérard Galfano, a été le premier a prendre la parole. Très ému, il a rappelé son attachement à Emmanuel Rat et son legs à la commune qu’il a administrée pendant trente ans, en concluant par un poignant « Adieu mon Titi, repose en paix. »
La directrice générale des services, Francette Dumas, a parlé au nom du personnel communal en insistant sur le fait que le maire n’avait pas simplement été un patron mais un homme bienveillant, attentif à chacun, à ses peines et à ses joies. « Notre capitaine n’est plus, mais nous devons nous inspirer de son énergie et de sa volonté. »
Le président du conseil Régional, François Bonneau, un ami de longue date d’Emmanuel Rat, a insisté sur l’engagement indéfectible et la grande proximité auprès des habitants du maire de Châtillon dont il a vanté la passion pour sa commune. « Il était un modèle pour nous tous. »
La députée, Constance de Pélichy, récemment élue au Parlement, a évoqué « sa bonté, sa gentillesse et ses qualités de bâtisseur et de rassembleur. »
La préfète, Sophie Brocas, tricorne aux brocards dorés, cape bleu marine sur les épaules et gants blancs, a égrené les qualités attendues d’un maire en précisant « qu’Emmanuel Rat incarnait la fonction de maire de manière éclatante et illustrait bien l’anagramme de maire qui est : aimer »!
Un long cortège s’est ensuite formé pour prendre la direction de l’église en traversant la ville. Le corbillard entouré des sapeurs-pompiers, suivi de Lucette Rat, des trois fils et de leurs familles et amis. Les officiels, les élus, la population présente ont clos ce défilé qui a envahi les rues de la commune accompagnés de la voix envoûtante de Michèle Torre, une chanteuse aimée de Titi, qui interprétait J’en appelle à la tendresse.
Arrivé devant l’église Saint Maurice du fond de laquelle résonnaient les instruments de l’Union musicale, le cercueil entouré d’une haie de pompiers et précédé du père Carré et de l’abbé Dossou, a été porté devant l’autel de l’église. Au son de l’émouvante mélodie écossaise, Highland Cathedral, la foule a ensuite gagné les bancs.
Les deux religieux ont présidé cette bénédiction des funérailles d’Emmanuel Rat. Devant un parterre de personnalités, de la famille et d’une grande foule dans l’église archicomble, le docteur Weil-Picard a été invité à ouvrir la série d’interventions face au cercueil.
Le médecin, ami fidèle du maire, a évoqué l’attachement passionné d’Emmanuel Rat à toutes ses fonctions, sa force et sa volonté de vivre malgré les épreuves. « Chacun de nous, ici ou ailleurs, représente un morceau de sa vie, de cet immense puzzle qu’Emmanuel a constitué pendant soixante quinze ans d’une existence aussi laborieuse qu’intense marquée par le don de soi et le partage. » Le conseiller municipal a insisté sur les qualités de visionnaire et de gestionnaire du regretté premier magistrat de la ville, acquises au prix d’un travail sans relâche pendant trente ans. « De cuisinier à maire, conseiller général, président de communauté de communes, il n’y a pas qu’un petit gué à franchir mais un océan. Il l’a traversé avec élégance et réussite ». Le docteur a conclu son hommage en rappelant combien Emmanuel Rat, « En cette époque où la défiance à l’égard des élites s’est malheureusement installée, Emmanuel Rat reste le modèle d’un élu local encore respecté parce que, justement, respectueux de ses administrés. »
Le sénateur honoraire Jean-Pierre Sueur a, de son côté, confié l’estime dans laquelle il tenait Emmanuel Rat « passionné de sa commune et très attaché à ses habitants. »
Le président Michel Lechauve qui a succédé à Emmanuel Rat à la tête de la communauté de communes Berry Loire Puisaye, lui aussi un vieil ami du maire, a retracé ses actions et ses réalisations pour le territoire « qu’il aimait tant. »
Avant les interventions de la famille Rat, Marc Gaudet a rappelé avec émotion la profonde amitié qui le liait à son ancien collègue au conseil général. Le président du conseil départemental, venu spécialement, en aller-retour, de Paris où se tient le congrès annuel des maires a insisté sur l’implication d’Emmanuel Rat dans toutes ses actions et son rapport aux autres. « J’ai perdu un ami. » a-t-il conclu, la gorge serrée.
Les trois fils du maire ont, ensuite, très émus, lu des mots touchants à l’endroit de leur père suivis des huit petits-enfants qui ont chacun évoqué des anecdotes et la place qu’avait pris leur grand-père dans leur jeune vie. L’un d’eux, Étienne a dit « sa fierté et son émotion » d’avoir été marié par son grand-père, à la fin septembre. Le dernier acte public du maire !
Jérôme, Emmanuel et Sébastien ont, au final, interprété le concerto de Aranjuez devant l’assemblée, émue. Comme l’étaient les musiciens de l’Union musicale qui ont ensuite joué un medley des mélodies d’Ennio Morricone. Le maire avait expressément demandé au chef Francis Charbonneau de les interpréter pour son enterrement. L’orchestre, magistral dans son jeu, a été applaudi comme l’aurait fait Emmanuel, fidèle auditeur de leurs concerts.
Après l’homélie des deux prêtres et la bénédiction, une très longue file a défilé devant le cercueil pour permettre à chacun de se recueillir quelques instants.
L’inhumation dans l’intimité familiale a clôturé cette journée d’émotion et de recueillement. Emmanuel Rat repose au cimetière sous une montagne de fleurs à l’image de ce qu’il était, un homme rayonnant de joie, de bienveillance, de travail, de vision d’avenir et dont le chemin a marqué sa ville et ses habitants.
Liste des personnalités présentes :
La préfète Sophie Brocas, le sous-préfet Régis Castro, le président du conseil régional François Bonneau, le président du conseil départemental Marc Gaudet, la députée Constance de Pélichy, le président de la communauté de communes Berry Loire Puisaye, Michel Lechauve, la conseillère régionale Mathilde Paris, les anciens parlementaires, Jean-Pierre Sueur, Éric Doligé, Claude de Ganay, Jean-Pierre Door, les maires de l’arrondissement dont Francis Camal de Gien, les élus des conseils communautaires et municipaux, les officiers de gendarmerie et des pompiers, les dirigeants d’entreprises travaillant avec la commune, etc. Le sénateur Christophe Chaillou, retenu à Paris par une intervention au congrès des maires ce mercredi matin, s’est excusé de son absence.