Valentin Touchet, mécanicien des stars du championnat du monde de motocross, est un champion.

Il connaît chaque pièce de la moto, jusqu’au moindre boulon. Démontant et remontant chaque semaine la moto de son pilote, Valentin Touchet veille à ce que la machine du champion soit parfaite. Elle doit répondre avec précision et fiabilité aux terribles épreuves que la moto va subir au cours des courses de motocross. La course est très exigeante, le pilote très expérimenté, la moto est confrontée à toutes sortes de situations difficiles dans les bosses, les sauts, la boue, le sable et autres pièges d’une incroyable course d’obstacles. Sans compter la compétition avec les autres pilotes tout aussi expérimentés et batailleurs dans ces épreuves de championnat du monde dans la catégorie reine des 450 cm3.

Pendant la saison qui s’étale de fin février à septembre, l’équipe coure à travers le monde, de la Patagonie argentine en Indonésie en passant par un peu partout en Europe, aux Etats-Unis, en Thaïlande et autres pays d’Afrique ou d’Arabie.

Valentin exerce ses talents de mécanicien depuis sept ans au sein du team Monster Energy Yamaha Factory MXGP qui regroupe trois jeunes champions qui aspire chacun à la place de champion du monde. Notre Châtillonnais est attaché à l’un d’eux, Maxime Renaux, déjà champion du monde en 125 cm3 et en MX2 en 2021. À 21 ans, seulement, le Sedanais a un palmarès imposant et, presque naturellement, a été engagé par Yamaha pour courir au sommet des compétions du motocross dans la prestigieuse catégorie des plus forts, celle des 450 cm3.

Il occupe actuellement la seconde place du championnat du monde MXGP. Un énorme succès. Arrivera-t-il à la première marche du podium à la fin de la saison ? C’est tout l’espoir de son mécanicien.

Valentin ne s’occupe que des motos de Maxime, des YZ450FM d’usine. 5 motos sont à sa disposition.

En début de semaine, en Hollande où est basé le team Yamaha, il prépare la moto dans le moindre détail et, le jeudi, en avant pour une balade à travers le monde. Soit en semi-remorque quand la course du week-end a lieu en Europe, soit en avion pour gagner un autre continent. Il y a 20 courses dans une saison et donc autant de voyages un peu partout sur la planète. Le vendredi, à proximité du lieu de la course, ce sont les derniers réglages en fonction des difficultés du terrain avant les débuts de la compétition le samedi et la course du dimanche après-midi. 

Retour au bercail dès le dimanche soir avec armes et bagages et le lundi matin ou le mardi selon la distance parcourue avant, c’est le nettoyage de la moto, son démontage etc. pour repartir le jeudi. 

Autant dire que le mécanicien ne compte pas ses heures mais que la soif de voir réussir son pilote les lui fait oublier.

Une bonne place au championnat, voire la première à une manche ou à la course et Valentin est aux anges. C’est son pilote et sa moto qui gagnent, cette machine qu’il connaît par cœur et dont il a bichonné chaque pièce. Le mécano Châtillonnais échange, en permanence, avec les ingénieurs de chez Yamaha qui testent, expérimentent de nouveaux éléments de la moto pour les engins qui seront vendus au public dans les années à suivre. Beaucoup d’innovations sont ainsi mises au point grâce au travail, aux observations expertes du mécanicien. 

Que n’est la joie de Valentin de noter au fil des ans l’évolution des moteurs de motos qui trouve leur source dans son travail et celui de ses collègues mécanos.

Il est loin le temps où Valentin ramait au collège de Châtillon avant de passer un C.A.P. puis un Q.S.P. de mécanique moto en alternance avec un emploi de stagiaire à Gien.

L’anglais, il n’en voyait pas vraiment l’intérêt aux cours de Madame Marlot, il l’a bien regretté par la suite. Mais, vite fait, quand il s’est mis à parcourir le monde, travaillé avec des pilotes suédois ou britanniques, des collègues de toutes nationalités, il a fallu l’apprendre pour le parler couramment. 

Valentin ne donnerait sa place à quiconque même si son quotidien est difficile et exigeant. Il vit sa passion avec grand bonheur. Cette place, pour autant, n’est pas tombée du ciel. 

Être le fils d’Éliane et Francis Touchet qui dirigeaient le supermarché de Châtillon n’a, en rien, favorisé son insertion dans le milieu du motocross. 

C’est sa passion pour ce sport, partagée avec son ami Germain Jamet, champion de France de motocross, qui l’a motivé. Pratiquant lui-même le motocross, Valentin s’est fait rapidement remarqué pour ses qualités de mécanicien et sa volonté d’aller jusqu’au bout. 

Longtemps bénévole pour ses copains, il a rencontré une championne du monde, Lydia Lancelot, qui lui a demandé de rentrer dans son team il y a dix ans. Et, de rencontres en rencontres, Kawasaki puis Yamaha lui a proposé de rentrer dans leur équipe, il y a sept ans.

Le voilà donc au firmament des mécaniciens de moto dans la catégorie de la plus importante des compétitions, le championnat du monde de motocross MXGP. Un rêve auquel il n’aurait jamais cru quand, depuis son adolescence, il bricolait sa 125 à Chanoy. 

Susciter la chance et se montrer disponible à la saisir, c’est tout le brillant chemin de ce jeune Châtillonnais.

Mais les rêves, à 31 ans, il n’en manque pas pour l’avenir même si le présent l’occupe totalement. Participer à un Dakar de motocross comme pilote, fonder une famille avec son amie néerlandaise, et, peut-être, retrouver une vie un peu plus calme que celle à 100 à l’heure qu’il connaît actuellement. 

Saura-t-il s’arrêter, se passer de sa dose quotidienne d’adrénaline, indispensable à l’effort constant de son métier ? Nul doute que cette expérience au plus haut niveau de la compétition lui servira toute sa vie.

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