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Troquer les écrans contre des jeux

Marion Robilliart, orthophoniste à la MSP, et Cathy Marcilly, coordinatrice de la MSP, nous présentent cette semaine leur dernier jeu. Amorcées en février dernier, leurs propositions ont permis à de nombreux parents de passer un temps ludique et utile aux enfants à distance des écrans. Tous ces jeux, très suivis par les visiteurs du site de la commune, ont été l’occasion d’éveiller les enfants à la création, à l’imagination, au savoir-faire et à de petits montages accessibles à tous dans le quotidien.
Une autre action nous sera proposée par Cathy et Marion dans le trimestre à venir. En attendant, un grand merci !

LES JEUX

ÉCRANS : QUELLES RÈGLES POUR UN BON USAGE ?

Les enfants, même petits, se sont rapidement emparés des nouvelles technologies pour apprendre, jouer, communiquer, etc. Doit-on laisser les enfants passer leur temps sur les écrans des ordinateurs, tablettes ou smartphones ? Quelles sont les recommandations pour un usage raisonnable qui respecte leur développement ?

LES ÉCRANS, SOURCE DE TROUBLES VARIÉS CHEZ L’ENFANT

Dès le plus jeune âge, il est fréquent de voir un enfant jouer avec le smartphone ou la tablette de ses parents. Pourtant, l’utilisation excessive de ces outils, en particulier lorsqu’elle est trop précoce, expose les enfants à des effets négatifs : troubles de la concentration, manque de sommeil, diminution du temps passé à interagir avec d’autres enfants, voire surpoids, dépression, voire addiction.
Par exemple, dès l’âge de deux ans, le temps passé à regarder la télévision influence le poids de l’enfant quelques années plus tard. Plusieurs mécanismes peuvent expliquer cette corrélation, tels qu’une modification du métabolisme des enfants au repos, une substitution de l’activité physique par l’activité sur écrans ou encore, pour la télévision, une forte exposition aux publicités pour des aliments transformés gras et sucrés.

DES RECOMMANDATIONS EXISTENT POUR AIDER LES PARENTS

En 2008, le Dr Serge Tisseron a proposé la règle 3-6-9-12 (ans) pour apporter une réponse simple aux questions de nombreux parents. Elle est relayée depuis par l’Association française de pédiatrie ambulatoire (AFPA). De plus, l’Académie de médecine a publié en 2013 un rapport intitulé « L’enfant et les écrans » qui fait le point sur les connaissances actuelles dans le domaine et donne des indications aux parents. Ces recommandations sont détaillées selon l’âge de l’enfant.

AVANT 3 ANS, DES JEUX SUR TABLETTE ACCOMPAGNÉS ET PAS DE TÉLÉVISION

Selon le rapport de l’Académie de médecine, l’exposition passive et isolée des bébés à la télévision ou aux DVD ne les aide pas à apprendre à parler. De façon générale, l’exposition précoce et excessive des bébés aux écrans, lorsqu’elle a lieu sans présence humaine interactive et éducative, est très clairement déconseillée. Mais dans le cadre d’activités d’éveil précoce, et avec le concours d’un adulte ou d’un enfant plus âgé, une tablette numérique interactive et des jeux adaptés peuvent participer au développement cognitif du bébé. Mais elle n’est pas indispensable !

ENTRE 3 ET 6 ANS, DES PÉRIODES D’USAGE COURTES ET PAS DE JOURNAL TÉLÉVISÉ

Entre 3 et 6 ans, les adultes ou les enfants plus âgés peuvent commencer à sensibiliser le jeune enfant au fait que les écrans simulent l’environnement réel comme quand il dessine ou joue à « faire semblant ». À cet âge, des jeux vidéo adaptés lui apprennent à se projeter dans la peau des personnages et cela contribue à l’ouvrir sur le monde, comme le font les jeux et les interactions dans la vie réelle.
De plus, les outils numériques peuvent avoir un intérêt pédagogique, par exemple pour commencer à apprendre à lire ou à compter. Entre 3 et 6 ans, on peut également apprendre aux enfants à communiquer à distance avec les membres de sa famille via les outils numériques.
Attention cependant, pas de télévision ou d’ordinateur dans sa chambre, ni de tablette personnelle : le risque d’usage compulsif existe même à cet âge. Leur usage doit se limiter à des périodes courtes et jamais pendant le repas ou avant de dormir.
Enfin, pas de journal télévisé avant l’âge de 6 ans. Après cet âge, il est préférable qu’un adulte soit présent pour répondre aux questions qui pourraient survenir après la présentation d’un sujet potentiellement traumatisant.

ENTRE 6 ET 12 ANS, APPRENDRE LES RÈGLES DE L’ACTIVITÉ EN LIGNE

Entre 6 et 12 ans, l’usage pédagogique d’outils numériques à l’école ou à la maison est un progrès technologique et éducatif important. Il a été démontré que la pratique de jeux vidéo d’action améliore les capacités de concentration, de décision rapide et d’attention visuelle des enfants de 7 ans et plus.
Néanmoins, c’est souvent à cet âge que l’on rencontre les premiers effets négatifs d’une pratique excessive des écrans : manque d’activités physiques et sociales réelles, de sommeil, voire un risque accru de myopie plus tard. À cet âge, comme au précédent, il faut donc éduquer à une pratique modérée et autorégulée : établissez ensemble des règles claires sur les tranches horaires devant les écrans. Incitez-le à alterner les activités en ligne et les activités dans le monde réel.
De plus, il est essentiel de commencer à inculquer les règles liées au droit à l’image et à l’intimité, ainsi que l’esprit critique face aux informations en ligne. Accompagnez-le dans sa découverte d’internet. Aidez-le à ne pas devenir dépendant des écrans.
N’oubliez pas de paramétrer vos navigateurs pour éviter que vos enfants soient exposés à des images choquantes. Enfin, les experts recommandent de ne pas laisser un enfant participer aux réseaux sociaux (Facebook, Instagram, Snapchat, etc.) avant l’âge de 12 ans.

APRÈS 12 ANS, LA VIGILANCE EST DE MISE SUR LE TEMPS PASSÉ DEVANT LES ÉCRANS

Parce que les adolescents ont de la difficulté à inhiber des pensées et comportements impulsifs, et qu’ils souffrent parfois de l’absence de repères, des excès comportementaux peuvent se produire dans le monde virtuel. Par exemple, deux études, américaine et espagnole, ont montré qu’entre 8 et 18 ans, environ 8,5 % des joueurs de jeux vidéo peuvent être considérés comme dépendants.
Pour prévenir ces effets négatifs, convenez d’horaires à respecter avec votre adolescent. Déconnectez votre domicile du réseau pendant la nuit (les « box » sont paramétrables avec un mot de passe) et, s’il possède un smartphone, assurez-vous qu’il ne passe pas par le réseau 4G…
Éduquez également votre adolescent sur les questions du harcèlement en ligne, de la pornographie et du plagiat (les « copier-coller » pour rédiger un devoir). L’usage des réseaux sociaux est possible mais mieux vaut ne pas chercher à faire partie des « amis » de votre adolescent ! Enfin, soyez particulièrement vigilant en cas de baisse des résultats scolaires.

Académie de médecine, 2013 : https://www.academie-sciences.fr/pdf/rapport/avis0113.pdf

ÉCRANS EN VEILLE, ENFANTS EN ÉVEIL !

Les avancées en matière de technologie ont mis les écrans au cœur de notre société et des foyers. Avec les différents supports mis à disposition : téléphone, tablette, ordinateur, télévision, console de jeux, les écrans sont omniprésents dans notre vie et dans celle de nos enfants. Pour prévenir des dangers liés à leur utilisation chez les enfants, Marion Robillard, orthophoniste et Cathy Marcilly, secrétaire coordinatrice, ont décidé de proposer des jeux simples à réaliser avec vos enfants. Vous trouverez donc une fiche jeux chaque semaine.

Quelle que soit sa culture, quels que soient les jeux disponibles, l’esprit de l’enfant est fait naturellement pour chercher du sens dans ce qui l’entoure, l’enfant est donc dès sa naissance « câblé » pour jouer.
Jouer est « son travail » : il joue pour penser, pour parler, pour se construire.
Le jeu pour bouger, le jeu pour la créativité, le jeu pour développer la pensée, l’intelligence, le raisonnement, le langage… et pour finir le jeu pour le plaisir… Donc le jeu pour la santé physique et mentale des enfants.
D’abord jeu de découverte dans les premiers mois, il peut ensuite devenir créatif au fil des évolutions de l’enfant, c’est ce qu’on nomme le « jeu libre » mais n’oublions pas non plus le jeu dit « de société » avec des règles, des tours de rôle, des stratégies à développer…
Les écrans, au-delà du débat sur les contenus qu’ils proposent, privent l’enfant d’un temps de « jeu libre » indispensable à sa construction.
Dans nos vies bien chargées l’enfant a-t-il encore le temps de construire un jeu en partant d’une idée, d’exécuter un contrôle attentionnel sur ce qu’il fait, de modifier ce qui doit l’être et de développer son idée initiale jusqu’à son aboutissement (idéalement deux fois 45min par jour devraient y être consacrées) ?
Afin de permettre un maximum de jeu libre, le parent n’a pas la tâche de se transformer en « super éducateur » ni de dévaliser les magasins de jouets, mais plutôt de se poser en rempart face aux écrans et de proposer des alternatives de jeux simples, écologiques, créés à partir de peu de choses lorsque l’appel de l’écran résonne aux oreilles de l’enfant.
Afin de nourrir au mieux ces petits cerveaux en développement, nous vous proposerons, chaque semaine, une idée d’activité rapide à mettre en œuvre, accessible pour les tout-petits qui peut, avec des adaptations, plaire aux plus grands également.
Nous expliquerons brièvement en quoi cette activité « construit » l’enfant.
Evitons de détruire les capacités de raisonnement, d’attention et d’empathie, mettons en « veille » et jouons pour des cerveaux en « éveil » !
Nous repartageons les directives issues des travaux de M.Desmurget (docteur en neurosciences, qui a écrit au sujet de l’impact des écrans sur nos sociétés) :
– Pas d’écran avant trois ans (Ce chercheur prouve dans son ouvrage que tout temps d’exposition avant 6 ans a un impact sur l’enfant. Il est donc essentiel d’en faire usage avec parcimonie).
– Au-delà de 3-6 ans (selon les auteurs), adapter le temps d’écrans de 30 min (6-12ans) à 1h/jour (12+)
– Pas d’écran en libre-service dans la chambre
– Pas de contenu inadapté
– Pas avant l’école (impact majeur sur le système attentionnel)
– Pas le soir avant de dormir (actions sur les circuits de la mémorisation, difficultés d’endormissement…)
– Faire une chose à la fois pour ne pas soumettre le cerveau à la multiplication des tâches (ce qui le rend inapte à l’attention).

Marion Robillart et Cathy Marcilly

Pour plus de détails : « La fabrique du crétin digital », (M. Desmurget, 2019)
« TV Lobotomie » (M. Desmurget, 2011)
« Les ravages des écrans », (M. Spitzer, 2019)
Campagne Yapaka.be

Alors, à tous bon jeu !

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